« THE END HAS COME ●●● »

La nuit était à peine tombée sur Woodsboro lorsque Jersey quitta le bus qui la déposait juste à quelques mètres de la maison de ses parents. Ce soir-là, elle parcourut la distance en quelques minutes, l'air absent, comme absorbée par des pensées qui ne regardaient, finalement, qu'elle. La journée s'était effacée derrière des heures de cours à n'en plus finir et une léthargie quasi-immuable, presque lassante. Au-delà de ses classes, il y avait aussi eu ces échanges salés avec son amant actuel, qui refusait de passer le weekend en sa compagnie prétextant que sa femme soupçonnait quelque chose. C'était une accumulation de tous ces instants de vie qui rendait la jeune femme d'humeur massacrante et maussade. Ajoutez à ça le message que lui avaient laissé ses parents sur son combox pour lui annoncer qu'elle passerait la soirée toute seule, et vous obtiendrez une Jersey complètement déprimée et fatiguée, une Jersey dépassée par les évènements. Sa vie n'avait plus rien à voir avec ce qu'elle s'était toujours imaginée. Petite fille, elle voulait être une princesse, une reine parfois même. Elle s'imaginait tomber amoureux du premier prince charmant qui se présenterait à elle, qu'elle épouserait à dos de cheval, avant de s'enfuir à Tahïti. La réalité était pourtant bien là, ses rêves de gosse avaient perdu leur éclat face à son quotidien. Les cours ne la passionnaient plus, ses camarades de classe ne parvenaient même plus à lui arracher un sourire et son amant... parlons-en ! Un mec marié, absent et qui, au bout du compte, finirait par l'abandonner pour sauver son couple et sa famille. A quoi pouvait-elle désormais s'accrocher sinon à une branche pourrie qui ne manquerait pas de céder si une énième catastrophe lui tombait dessus.

En poussant la porte de la maison, elle se surpris à dire « je suis rentrée... » Mais il n'y avait personne pour l'accueillir, personne sinon Pacha, son chat blanc, angora ! La féline se frotta à sa jambe tandis que Jersey otait ses chaussures. Elle lui administra une petite caresse en murmurant. « Ce soir, c'est juste toi et moi ma belle. Hein, t'es contente d'être avec maman ce soir, non ? » Un simple ronronnement et la jeune étudiante se redressa sur ses jambes. Elle ne se rendit pas jusqu'à sa chambre, à l'étage, pour y jeter son sac, non ! Elle préféra le laisser tomber à même le sol dans le hall et enfiler ses pantoufles pour directement se rendre à la cuisine. « Viens Pach', j'vais t'donner à manger. » Peu importe qu'elle passe pour une folle, il n'y avait que son chat pour l'écouter et lui répondre ce soir. D'un pas nonchalant, elle remplit la gamelle de son animal et la déposa sur le sol. Un instant, elle resta stoïque, à la regarder, avant de la caresser délicatement. « T'es belle, Pach', t'es belle. » Sa petite voix aigüe perçait le silence, rendant la maison tout de suite plus vivante, la réconfortant, d'une manière comme une autre. En se redressant, elle attrapa dans l’armoire un paquet de pop-corn à mettre au micro-onde et puis quitta la pièce pour se rendre au salon. Quitte à s'emm*rder, autant le faire devant un bon film d'horreur. Tranquillement, elle fit la liste de ses dvd et opta pour Freddy Kruegger, une référence. Ce soir, elle resterait au chaud, à l'abri de la pluie, dans sa grande maison... vide ! Elle déposa la jaquette du dvd sur la table basse et retourna dans la cuisine. Lorsqu'elle fut suffisamment proche du four, elle sursauta... la sonnerie du téléphone la surprit, la sortant de sa torpeur. Alors doucement, elle attrapa le combiné et le porta à l'oreille. « Allô, Jersey ? » et sans s'en rendre compte, le film venait de démarrer.

« Bonsoir Jersey. Tu es toute seule ? »

La voix lui était inconnue. Surprise, elle réfléchit quelques instants, laissant un léger blanc couper leur conversation avant de répliquer. « Qui est à l'appareil ? » Sa propre voix ne tremblait pas, rien ne laissait transparaître l'angoisse qui pourtant naissait gentiment au creux de sa gorge. Qui pouvait bien l'appeler à une heure aussi incongrue ?

« Que fais-tu ? »

L'inconnu ne semblait pas enclun à lui répondre, son ton était lisse et ne trahissait aucun sentiment. « Mon gars, t'as dû faire un faux numéro, t'es pas sur la ligne rose là. » Appuyée au comptoir de la cuisine, elle laissa émettre un petit glapissement lorsque la sonnerie du micro-onde se fit entendre. Doucement, elle se tourna, sans lâcher le téléphone.

« Quel est ce bruit étrange, Jersey ? »

Il avait dit son prénom sur un ton qui laissait comprendre qu'il savait exactement qui il cherchait à joindre et avec qui il voulait parler. Se prenant au jeu des questions réponses, Jersey soupira en attrapant d'une main le bol de pop corn chaud. Si ce petit plaisantin voulait lui tenir compagnie, elle n'allait pas s'en plaindre. D'une voix sensuelle et féline, elle s'amusa à ses dépends, pensant maîtriser la situation. « Mon micro onde, je me préparais du pop-corn. Je comptais regarder un film. » Elle sourit en retournant jusqu'au salon, le téléphone scotché à l'oreille.

« Et quel genre de film une jeune fille dans ton genre peut-elle regarder un vendredi soir ? »

Elle gloussa doucement, en se laissant tomber dans le fauteuil. Il s'agissait là d'un homme qui s'imaginait qu'une pauvre petite fille dans son genre ne pouvait regarder que des comédies romantiques où Jennifer Anniston vous arrachait quelques larmes en quittant l'homme parfait ! Ce genre de mec avait tendance à l'agacer au plus haut point, si bien qu'elle cru presque reconnaître l'intonation de Parker, un camarade de classe qu'elle ne connaissait que très peu mais dont la réputation avait précédé. « Le genre de film qui te ferait pisser au fr*c Parker. » Elle rit, fière d'avoir réussi à le démasquer. « C'est tout ce que t'as trouvé pour me draguer, pauvre type ! Tu f'rais mieux d'appeler Jackeline, c'est plus ton genre, t'sais... gros nichons, petite cervelle ! »

« Parker, c'est ton petit ami ? »

Elle rougit dans son canapé. Elle s'était trompée... « Je... Je suis navrée, je vous ai confondu avec quelqu'un. » Le film n'était toujours pas lancé, les bandes annonces défilaient devant ses yeux tandis qu'elle restait en ligne. Intriguée, elle ne put s'empêcher de se laisser aller à une seule question. « Vous êtes qui au juste ? Et qu'est-ce que vous voulez ? » Elle haussa un sourcil tandis que Pacha vint se blottir contre son bras, ronronnant gaiement.

« Un seul bol pour ton chat, tu es avare sur les croquettes... »

Il avait encore éludé la question, mais ce qu'il venait de lui dire la terrifia. Elle se redressa sur ses jambes en jetant des coups d'oeil à gauche, puis à droite. « P*TAIN de m*rde, t'es qui enfoiré ? Et qu'est-ce que tu m'veux ? » Il n'y avait aucun doute, il devait être là, plus proche d'elle qu'elle ne se l'imaginait. Sinon comment pouvait-il deviner qu'elle avait un chat, qu'elle ne lui avait rempli qu'une seule gamelle ? Elle commençait à sentir son cœur battre contre sa poitrine et l'angoisse se faisait plus oppressante. S'il était alentour, il devait forcément la guetter. Au pas de course, elle se rendit jusqu'au hall d'entrée et verrouilla la porte.

« Tu as oublié de verrouiller la porte du jardin, Jersey. »

Cette dernière phrase la fit frémir une nouvelle fois. Elle ne lâcha pas le téléphone en se précipitant jusqu'à la véranda. Cet enfoiré était ici, dans la maison, il n'y avait plus aucun doute. Après avoir verrouillé la dernière porte, elle se précipita jusqu'à la cuisine où elle attrapa un couteau à viande suffisamment aiguisé pour se défendre. Elle entendit ricaner au bout du fil, pliant son bras pour ramener l'appareil jusqu'à son oreille, elle ne put s'empêcher de lui dire. « VA T'FAIRE FOUTRE ENC*LE, mon père va t'faire la peau. » Elle marchait doucement, évitant les couloirs, restant à la cuisine.

« Tes parents t'ont laissée seule pour la soirée Jersey. Tu veux jouer à un jeu ? »

Plus sa voix résonnait dans l'appareil, plus l'angoisse se faisait violente. Tendue, tremblante, elle ne lâchait pas le téléphone, continuant de jeter de petits clins d'oeil appeurés, à gauche à droite. Pacha avait désormais disparu, elle se retrouvait seule et le fait que cet attardé le sache ne la rassurait guère. « VA T'FAIRE FO*TRE ! » Elle savait que la vulgarité ne mènerait à rien, mais sa colère était forte, trop forte pour qu'elle la contienne. Des larmes perlaient au bord de ses yeux encore maquillés. Qu'avait-elle fait pour qu'on s'amuse à la terroriser de la sorte ? Et qui était à l'autre bout du fil. « J'veux pas jouer avec toi, c*nnard ! »

« Il y a certains mots qui ne devraient sortir de la bouche d'une BCBG dans ton genre Jersey, fais attention ! Ma patience a des limites. » Il l'entendait. De sa cachette, il devinait sa position, plus que quelques mètres et le tour serait joué. Il sentait sa terreur, il savait qu'elle était complètement perdue, ce petit jeu dangereux la rendait folle. Que quelques mètres. « Réponds juste à cette question, et je te laisserai la vie sauve. Trompe-toi, et je me ferai un plaisir de t'observer... de l'intérieur ! » il ricanait à présent, fier de tenir les cartes. « Qui est le tueur original de la série des Vendredi 13. »

Elle suffoquait, la méchanceté dont faisait preuve ce sal*ud la tendait plus que de raison. Elle marchait à reculons, quittant la cuisine, en direction des escaliers. Il fallait qu'elle atteigne sa chambre, de là, elle pourrait se barriquer. Gagner du temps, il fallait qu'elle gagne du temps. Les larmes préconisaient son visage, ne lui donnant guère fière allure. Aux conditions de son petit jeu, elle se mit à glousser en pleurant. « Non... non, pitié ! Je... je ne veux pas mourir. » Mais ses plaintes ne semblaient atteindre le cœur de son interlocuteur qui déjà lui posait la redoutable question. En continuant de reculer, le couteau serré dans une main, elle se réjouit de connaître la réponse. Fièrement, elle lui annonça. « Jason Voorhes, il s'agit de Jason Voorhes enc*lé ! »

« FAUX ! Il s'agit de sa mère, Pamela Voorhes. » Il ne pouvait désormais plus s'empêcher de ricaner. Elle était suffisamment proche pour qu'il puisse surgir de sa cachette. Dans un bruit tonitruant, la porte derrière laquelle il s'était caché jusqu'à présent s'ouvrit, et Ghostface s’abattit sur sa proie en hurlant. « T'es morte ! »

Elle atteignait gentiment le bout du couloir, toujours à reculons. Lorsque son interlocuteur lui dit qu'elle avait tort, elle ne put s'empêcher de rétorquer sur un ton plaintif. « NON ! C'est pas vrai... posez moi une autre question, je vous en supplie ! » Mais il était trop tard, derrière elle, une porte s'ouvrit à la volée et un homme masqué en sortit en criant qu'elle était morte. Jersey hurla de frayeur et chercha en elle le réflexe d'éviter de justesse qu'il ne l'attrape tout de suite.

1 - Jersey a des réflexes suffisamment rapides - merci l'équitation - et parvient à éviter GF et s'enfuir en direction du salon.
2 - Malgré ses heures d'entrainement, Jersey a des réflexes trop lent, GF lui saute dessus, elle s'écroule sur le sol, mais continue de se débattre.

Sa tentative d'intimidement avait bel et bien fonctionné. Le cri que poussa Jersey en le voyant surgir de nul part confirmait ce qu'il pensait déjà. L'excitation était à son comble, il était ici pour la tuer, à présent. Elle l'évita de justesse et déjà, s'enfuit en direction du salon. Surpris par la rapidité de ses réflexes, il émit un petit glapissement avant de courir à sa poursuite.

Il était trop tard pour reculer à présent, il fallait qu'elle sauve sa peau. Elle hurlait, évidemment, mais mettait toutes les chances de son côté pour s'enfuir. La surprise du choc l'avait prise au coup, la faisant lâcher son arme sans même s'en rendre compte. En prenant la direction du salon, elle faisait tomber sur le sol divers objets qui lui permettraient peut-être de gagner du temps. La porte de la véranda était à sa portée, à présent. Il ne lui restait plus qu'à l'ouvrir pour s'enfuir... L'homme était sur ses traces...

1 - Jersey parvient à déverrouiller la porte assez rapidement et s'enfuit à l'extérieur.
2 - Dans la précipitation, elle ne parvient pas à ouvrir la porte et GF la rattrape.